Né en 1972, vit et travaille à Paris.
Longtemps j’ai hurlé, j’ai peint des cris, associés à un expressionisme gestuel. Totalement passionné par les maîtres du genre, à la limite de l’abstraction. Kooning me fascinait, ses «women» en particulier.
J’empruntais à la rue les supports nécessaires à mes dessins, à ma peinture. Ces figures pleines de vitesse, sans cesse recommencées, redessinées. Peut-être des autoportraits, jamais qualifiés comme tels.
Une peinture «uppercut», physique avec ses danses presque chamaniques. Il me fallait peindre fort et dense, vite, très vite, sans me retourner. Comme pour me prouver quelque chose. Forcer le destin. Sentir tous les jours, tout le temps, la puissance de la peinture.
A la clé : beaucoup d’enthousiasme autant que de doute, beaucoup de sueur et une exposition collective.
Puis vient la fracture : la maladie, la mort et la douloureuse absence. Je continue à travailler. Se succèdent plusieurs expositions personnelles en galerie.
Les croix fleurissent dans mes peintures, désormais sur toile, puis disparaissent. Jecloisonne autant que je m’appuie sur les objets, avec en horreur le narratif. Lechiffon remplaçant de plus en plus le pinceau, j’évanouis la figure, j’efface pour dire. Je prends du temps. Les tableaux me demandent de la réflexion. J’ai besoin de circonstancier, autant que de voir autrement et laisser ma peinture suivre son cours.
Charles Inbona