Bertrand Flachot

Au fil du temps et des expériences son trait s’est transformé en un tissage mouvant toujours en renouvellement, toujours en extension. Ce geste sans fin devient dès lors la dimension fondamentale du dessin dont le seul motif est son propre vagabondage, par delà tous les supports possibles, en un « continuum comme un murmure, qui ne finit pas, semblable à la vie, qui est ce qui nous continue, plus important que toute qualité ». Emergences-résurgences, Henri Michaux.

Diplômé de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs (1973-78), Bertrand Flachot s’intéresse tout particulièrement à la scénographie de la vie quotidienne sous la direction d’ Hervé Fischer et de l’Ecole d’Art Sociologique Interrogative fondée quelques années auparavant. Tout en se rapprochant du Body Art, de la performance, de Michel Journiac et d’Hermann Nitsch, il persévère à pratiquer la peinture –éclairé par le rapport éminemment physique que Jackson Pollock entretenait avec l’art de la peinture -et de la photographie. Dans l’atelier du Quai de Seine qu’il occupe jusqu’en 1990, il imagine pas à pas une mise scène de la peinture, expérimentant l’éclatement des formes et la synthèse des médiums. Cette production disparaît, désastreusement, dans un incendie en février 1990.

L’avènement du numérique lui permet de renouer, à partir des années 2000, avec les principes originels de transversalité des supports et des médiums. Travailler le dessin par ordinateur à l’aide d’une palette graphique lui procure une liberté du geste insoupçonnée jusqu’alors : « en travaillant sur écran j’accède directement au résultat de mon geste, sans le voir, sans voir ma main qui se déplace. C’est la seule configuration de travail qui permette de s’imprégner autant des lignes et de leurs mouvements. »

Dès lors, cette méthode assistée par ordinateur, en corrélation avec une pratique photographique numérique, lui permet de développer un travail mêlant le dessin, la photographie et l’installation, aussi bien en galerie qu’en centre d’art.

Aujourd’hui ce vagabondage graphique qui produit une masse linéaires toujours en extension, un non-finito, s’apparente de plus en plus à une forme d’écriture, renouant ainsi avec un certain désir d’écriture de l’artiste. Ce continuum graphique, qui flirte maintenant avec les mots,  appelle également à des référents littéraires le dernier en date étant celui de Robert Walser et ses microgrammes ou, « le territoire du crayon ».

En quête de nouveaux gestes et de nouvelles formes graphiques Bertrand Flachot développe une pratique ouverte du dessin. Son travail est aujourd’hui à la croisée du dessin, de la photographie et de l’installation pour mieux explorer ce flux continu dans l’inflation du geste graphique où se délie le double sédiment étymologique du mot graphein : dessiner et écriture.

Publié par galeriemargueritemilin

Galerie d 'art contemporain- 11 rue Charles François Dupuis 75003 Paris

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